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Jacques Delafosse

« Qui suis-je, que fais-je en ce monde ? »

84 ans né à Mesnilbus dans la Manche.

Économiste de formation. Une carrière professionnelle dévolue à l'intérêt général : cadre supérieur de la fonction publique « Etat-Ministère du Tourisme Ministère du Travail » coconcepteur, entre autres du premier dispositif de lutte contre l'illettrisme en France.

Les activités extraprofessionnelles consacrées principalement à la musique classique. Création d'une association de concerts dont le bilan d'activité en 25 ans s'est conclu par l'organisation de près de 150 concerts avec des artistes connus des mélomanes du monde entier.

Rouen, alors retraité, création d'une Association de concerts en milieu rural en partenariat avec la commune de Condé sur Vire cessation d'activités consécutivement au Covid.

Secondairement l’écriture. Un mot est un son, plusieurs font la musique… textes autobiographiques Rédaction des textes du premier guide Normandie édité par le Ministère du Tourisme. Rédaction d'une plaquette consacrée à la vie associative. Contributions diverses dans la Presse nationale et locale, ainsi que dans des revues spécialisées (musique).....

Passe-temps préférés : La nature, la musique classique-pianiste amateur, La pêche en rivière, le jardinage, l'écriture... et la lecture.

JD.                                                                                                                                Aout 2024                                                                        

                                                     TORIGNY - SES ETANGS

                                                              SOUVENIRS

 

                                                                                                     TEXTES ANONYMES                                                                                         

                                         REVERIE D'UN PROMENEUR SOLITAIRE

 

   13-14 ans l'age ingrat où la nuit et ses sortilèges vous étrangle jusqu'à l'asphyxie. Et le jour, au petit matin,rien ne s'efface.Une urgence:sortir de soi, oublier les questions sans réponse;renaître à  la vie.rêver de nouveau......A une encablure de là;les étangs,le calme de ses eaux dormantes,ses grands arbres : marronniers,tilleuls;dont le parfum enivre les sens....oui être là ,seul avec ses tourments;ruminant sans cesse.....rien ne se passe. Et soudain,sans prévenir  de nouveau à pleins poumons respirer la vie ..la vie toute simple ,vide de toute pensée ; pleine des senteurs de l'herbe fraîche,du bruissement des feuilles qui vibrent au vent,et de l'éclat du jour.Alors faire un pas puis un autre et  marcher lentement dans l'allée bordée de ses ombres envoûtantes.... marcher paisiblement ; « heureux comme au premier jour » ; .Non loin un banc vous ouvre ses bras ,s'asseoir, regarder le ciel sans tache.Et ô miracle,comme des hirondelles, les pensées s'envolent  ivres de leur liberté retrouvée.L'avenir est de nouveau là ;devant soi ; Rêver... « je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant -d'une jeune fille en fleurs.-... que j'aime ,qui m'aime et me comprend »  …. princesse descendue du ciel ; oui elle est là près de moi tous les jours dans ma classe. Oui je travaille et je suis un bon élève aimé de ses maîtres et non plus le cancre toujours collé tous les jeudis qui fait pleurer ses parents .Oui je referai les foins avec les copains sous un soleil de plomb et entre deux « coups de cidre »-- on se roulera dans le foin;on fera l'acrobate en riant sur les meules..ça sent bon ;que ça sent bon ! !Et ces « pays »,ces,»payses », dans le champ qui  travaillent dans la bonne humeur.Comme c'est beau !

 Enfin oui musicien je le suis... et je ne rêve plus maintenant.Beethoven,mon père,est là devant moi ; impérieux.Je me précipite alors jusqu'à la maison, empoigne mon clavier et je suis le grand Beethoven dans tous les méandres de sa pensée...je suis heureux.

 

 

                                                       UNE PARTIE DE PECHE

 

  Debout à potron minet, ».tout de go » mon copain et moi on se casse vite fait  une petite croûte café compris.On met la clé de la maison sous le pot de fleurs et nous voilà près pour le départ nos gaules dans le dos,en bandoulière.......l'appel des eaux,des étangs.... de la nature..A peine dix minutes de marche dans le silence de la journée neuve qui s'annonce.On s'arrête .L'étang est là encore endormi,dans les limbes d'un brouillard rasant;flottant dans les airs.Là bas le château surplombant le paysage.et le grand mur qui protège des vents mauvais du Nord...Alors on s'installe;on prépare nos lignes chacun à une vingtaine de mètres l'un de l'autre.L'heure tourne et pourtant l'astre de nos jours se fait encore attendre;tout est gris,sans bruit.Soudain le soleil apparaît;il est là à travers les feuilles,illuminant de tous  ses feux l'horizon.Et tout s'éveille ! Une explosion de vie.Les oiseaux dans les arbres....et ça chante;ça chante;les canards coincoinnant en escadrille venus dont ne sait d'où et qui dans un frôlement d'ailes amerrissent tout près.Les vaches qui meuglent là-bas;les grenouilles qui coassent...;le cocorico d'un coq de basse cour....partout de la joie.Et puis lentement,doucement la nature s'apaise;reprend ses esprits dans un silence habité de ses mille occupants.

Le silence ; nous y sommes de nouveau nous deux,mon copain et moi ;assis dans l'herbe encore mouillée regardant nos gaules.La partie de pêche commence;nos bouchons qu'on regarde à la surface de cette eau profonde dont on interroge les mystères.....et le temps qui passe;qui s'arrête ou presque.

Alors on fait le vide;les sens en éveil.L'eau immobile mais toujours vivante,habitée.Ici des carpes qui sautent;là une chasse de brochet...le ragondin tout près,....la poule d'eau toujours discrète,derrière les frondaisons ;le cygne ou plutôt les cygnes blancs , arrogants.Les senteurs : l'odeur de l'herbe fraîchement coupée;des herbes aquatiques,du bois mort qui craque sous les pieds....Et les grands arbres qui sont là tout près;que nous disent-ils;que peut-on leur dire  alors que je vibre à l'unisson des feuilles du peuplier frissonnant sous la brise.Embrasser ce vieux chêne et lui demander sa force et cet autre solitaire s'élançant vers le ciel comme la flèche d'une cathédrale....l'éternité !.Enfin au-dessus,un ciel sans nuages où là haut plane de ses ailes toutes déployées « un prince de l'azur ».Soudain non loin, des cloches sonnent ; celles de Notre Dame.Il est midi.On revient sur terre.On remballe notre attirail,et « heureux qui comme Ulysse a fait un beau voyage » on rentre à la maison.

Et la pêche dans tout ça ? Ah oui ! 2 brochets;5-6 belles perches;des gardons, des carpeaux.....pas mal...une occasion de réunir les familles pour un bon repas en l'honneur de leur progéniture...pour

une fois.

 

                                               LE 14 JUILLET-LE FEU D'ARTIFICE

 

   Ici on est encore d'avant la Révolution alors que chez vous à Torigny c'est la Troisième République !  disaient alors certains avec envie.... Torigny son feu d'artifice du 14 juillet...Le Grand Jour.....le Grand Soir ! Torigny sur Vire ;chef lieu de canton   aujourd'hui dans sa superbe pour fêter la République et sa ville florissante.

La République s'accaparant les ors de l'Ancien Régime pour y installer son Hôtel de Ville dans le Château......tout un symbole !.La République et ses écoles datant de Jules Ferry,la République et sa Gendarmerie.....un juge de Paix !......La République ici, toujours de tradition Radicale.         

Et sa ville florissante ;ses foires connues de la France entière-la Saint-Mathias-des vaches partout-;ses marchés ,ses commerces -une épicerie avec toutes les épices du monde -,,une pâtisserie....fine comme son hôtesse; «  petit Saxe » aux cheveux clairs.....des bistrots.... dans le plus connu ; de beaux Messieurs enchapotés .. pas toujours à leur avantage.Des entreprises Et pour couronner le tout une salle de cinéma !

Oui Torigny rayonne de tous ses feux sur le canton et fière de ce qu'elle est.

Alors la République ; ses feux d'artifice....le bouquet final de la journée.-le sérieux c'était le matin comme dans toutes les communes de France-Comme toujours c'est à 11 heures du soir....sur le grand étang .. plus d'une demi-heure de spectacle....sans pareil aux alentours...même pas à Saint-Lô.....

Le crépuscule tombe sur la ville.;Des théories de véhicules-dont encore et toujours quelques carrioles- venant de toutes part envahissent les rues ,la route ; stationnent n'importe comment....où elles peuvent.....Puis les abords et les bords de l'étang se remplissent lentement de ses mille spectateurs ...on s'y bouscule parfois... à qui aura la meilleure place.Maintenant c'est la nuit.Les flons flons de la fanfare se sont tus.... pas d' éclairages « kitch »,accrocheurs ;seuls des lampadaires discrets et quelques guirlandes ici et là, éclairent les lieux.Et les étangs ? un miroir constellé d'étoiles !.Soudain quelques ombres se profilent là-bas sur les berges avec des lanternes , s'affairant dans une gestuelle digne des légendes d'autrefois ...oui ;ils sont  là ; les magiciens du feu. Le spectacle va commencer.....Alors on retient son souffle, avec une pointe d'appréhension tout de même et pour cause.. et  boum,le bruit du canon ! Ça n'est  pas la guerre encore présente dans toutes les têtes,... c'est la fête !....La fête de tout Torigny et d'ailleurs Alors on regarde en l'air ; on oublie tout..... l'émerveillement...l'enfance  retrouvée ,ses rêves.Ah ces grandes fleurs multicolores qui s'épanouissent dans la nuit et retombent en poussières d'étoiles .En voilà une, encore une ; pas tout à fait la même, pas tout à fait une autre.....et sur les bords de l'étang une rivière de diamants qui  soudain apparaît, retombant de ses incandescences dans les eaux endormies.Et les tourniquets;les tourniquets de notre enfance qui crépitent ,qui pétillent......tout est explosion de couleurs,de lumières et ça dure...et on en reveut toujours .....jusqu'au bouquet final...on ne le sait pas encore ….une deux trois  explosions de joie déchirent alors le silence dans un délire de feux qui  embrase le ciel.Et puis de nouveau le silence- un long silence-; la fête est finie.Alors on applaudit  le spectacle;on se lève à regret et on rentre à la maison.... la tête dans les étoiles.

 

 

                                                     UN INSTANT DE VIE

….A la bien aimée

 

  Un ciel d'azur qui se mire dans l'étang,une herbe neuve,des marronniers en fleurs et les oiseaux qui chantent dans les arbres leur joie de vivre.Là-bas, dans la fraîcheur du matin et des eaux encore endormies,une silhouette apparaît.Elle se rapproche du petit pont.....une robe de printemps ondulant au gré de ses pas,un fichu au vent léger qui frissonne....et un sourire à la journée qui s'annonce,riche en trésors de hasards.....oui c'est elle;elle est là près de moi.Je la regarde;je lui prends la main et dans un silence complice nous marchons ensemble....dans la chaleur confuse de nos corps et des lumières de l'astre de nos vies.Le temps s'arrête.on se sourit....c'était « le jour béni de ton premier baiser »

 

                                         …............................................................... 

 

(1) il y a eu pendant quelques semaines des boîtes aux lettres aux étangs de Torigny.invitant les promeneurs à écrire sur ces lieux...leurs pensées,leurs souvenirs.....ces écrits anonymes auraient pu y être.

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